(Re)partir? Les questions que vous vous posez!
- Daiana TABORDA GOMES
- 29 janv. 2021
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 mai 2024
Pour réussir un projet, quel qu’il soit, le plus important est d’avoir un POURQUOI puissant ! Avec une vraie motivation, le “comment” se dessinera de façon fluide.
Après vos longues vacances (article ici), faites cette introspection nécessaire:

Quel mode de vie je souhaite pour moi? Mes enfants?
De l'extérieur, on a vite tendance à ne se focaliser que sur les 3 points négatifs majeurs (Instabilité politique, système de santé défaillant, niveau de l’enseignement scolaire) comme pour justifier de rester dans sa zone de confort. Or, la Guinée-Bissau a tellement de choses à offrir!
Avec le COVID19, on a vu à quel point le mode de vie Occidental avaient du plomb dans l’aile (pauvreté de l’alimentation et les carences liées, sédentarité et surpoids, solitude et santé mentale, stress, jobs alimentaires non alignés avec nos valeurs et nos ambitions, le sentiment de se sentir inutiles…).
En plus d’une alimentation bien plus proche de la nature (sans pesticide sauf produits importés), le soleil et un rapport au temps bien plus “cool”, n’avez-vous pas senti à quel point les Guinéens sont résilients (Ok parfois indolents...)? Avant le covid, les bars étaient pleins, les matchs ou les concerts se jouaient à guichets fermés. J’ai employé le passé mais soyons honnêtes, à Noël 2020, les discothèques ont repris du service. Les marchés sont toujours aussi blindés, les autres business continuent de tourner, les écoles et les hôpitaux publics font ce qu’ils peuvent (et attendent des renforts).
Les alternatives médicales et scolaires privées sont satisfaisantes, ce qui devrait rassurer les repat frileux.
Bref, a vida continua!
Ici un article détaillé sur la vie à Bissau.
Oui, vous allez devoir vous organiser pour faire des courses plus souvent de produits frais et sains.
Oui, vous n’aurez plus le p’tit Macdo et vous aurez la flemme d’aller jusqu’en ville juste pour manger un chawarma minuscule et surcoté, vos poignets d’amour fonderont comme par magie.
Oui, la vie à Bissau vous fera courir à droite à gauche, plus besoin d’abonnement à la salle de sport! Elle vous épargne la promiscuité du métro pour la convivialité et l'eco-responsabilité du toca-toca ou des taxis partagés...
Oui, il fera souvent 40° à l’ombre mais pensez à la vitamine D et au rôle du soleil sur votre humeur générale.
Oui, beaucoup de vos cousins/tontons ne viendront vous voir que pour vous demander de l'argent mais au moins, vous ne vous sentirez plus JAMAIS seul! Blague à part, la “Familia Garandi” Africaine au sens noble, sera toujours là pour vous dans les bons comme dans les mauvais moments. Pas de notion de SDF, pas question de mourir de faim. Donc si les business que vous êtes venus ouvrir au pays tombent à l’eau, vous n’aurez pas cette épée de Damoclès au-dessus de la tête comme en Europe.
Et enfin, vous aurez peut-être à travailler dans un secteur hors de votre cursus scolaire dans les premiers mois, mais je vous assure que c'est de l'expérience précieuse et vous trouverez rapidement votre place, votre “utilité” dans la société Bissau-Guinéenne.
Que puis-je faire au pays ?
De quoi a besoin le pays/la population pour évoluer?
Pendant votre voyage de découverte, gardez cette question en tête. L’unique chose à dire est que TOUT manque/reste à faire dans ce pays. Allez faire un tour dans la rubrique "Business" pour y trouver pleins d'idées d'investissements. Et même si vous n'êtes pas formé mais qu'une idée vous plait, préparez-vous et lancez-vous. Vous vous rendrez compte que tout ce que vous allez ou avez pu apprendre ailleurs peut servir !
Ne vous mettez pas de barrières. Ne sous-estimez jamais vos talents et vos connaissances. De l’éboueur au médecin en passant par les métiers du divertissement ou du BTP, chacun peut vraiment trouver sa place dans ce pays. Avec un peu de courage, beaucoup de patience et quelques ajustements, vous vous sentirez utile et pourrez tout oser, tout entreprendre. Brisez vos croyances limitantes et osez!
Variante : Mes études (ou mon savoir-faire) sont-elles suffisantes ?
C'est une crainte qui vient de la mentalité occidentale (et surtout française!!) mais comme dit plus haut, vos connaissances sont déjà énormes pour le pays !!
Je vous conseillerai simplement de vous former en technique de management interculturel et en communication non violente. Cela vous donnera la main de fer pour faire passer vos idées dans le gant de velours de l’humilité et l’entente cordiale. Vous pouvez aussi ajouter une formation en pédagogie car les gens ont soif d’apprendre, mais tout le monde n’est pas capable de transmettre son savoir.
Par contre, soyez prêt au pire des rejets! Tous les Repat peuvent en attester, il est extrêmement difficile de se faire accepter comme étranger à un poste de pouvoir. Je reviendrai peut-être sur ce point dans un autre post.
Pourquoi revenir?
Parce que l'Afrique est l'avenir!
Parce que la Guinée-Bissau est VOTRE pays!
Parce que je suis convaincue que la diaspora et les Repat sont des piliers du développement du pays. Non pas pour copier bêtement l'Occident, mais pour retrouver notre Africanité grâce aux avancées techniques des Occidentaux.
Je prend souvent l'analogie des communautés Asiatiques qui ont exigé une transmission de savoir-faire contre l'implantation de sociétés étrangères au 19 et 20e siècle. Aujourd'hui, il est temps que le sacrifice de déracinement de nos parents ou grands-parents porte ses fruits et que nous contribuions au retour des cerveaux au pays!
Je suis convaincue du bien fondé du retour en Guinée-Bissau et donc pas très objective! J'essayerai de vous faire un article "Anti-retour".
Combien d'argent faut-il?
La question à 1 million de XOF !
C'est loin d'être une question facile et cela dépend du mode de vie que vous souhaitez mener.
Pour parler de mon expérience personnelle, je n'ai jamais prévu (ni en 2018, ni en 2021) plus de 1500€ de réserve. Mais ATTENTION!
- Premièrement, parce que je recevais encore mon chômage mensuellement (chuuuut).
- Deuxièmement, j'ai une famille au top à Bissau qui m'a hébergée à peu de frais et surtout
- Troisièmement parce qu'au fil des années avant le grand saut, j'ai acheté petit à petit les biens matériels dont j'aurai besoin (Equipements de la maison, outils et nécessaires pour le(s) business) et j'ai tout envoyé par conteneur. Ainsi, l'argent cash sert au loyer et aux courses en attendant de développer une rente pour compenser.
Pour ne pas trop sacrifier mon train de vie en France, j'avait préféré consacrer toutes mes primes de travail et autres bonus sur 5 ans au grand projet de retour. Evidemment, je complétait avec un peu d'épargne sur salaire mais je n'étais pas très rigoureuse. A vous de voir dans combien de temps vous comptez partir et avec quoi sous le bras.
Pour donner un chiffre assez large, si vous ne faites rien venir d'Europe (parce que vous aurez été dégouté de mon experience du conteneur), prévoyez 5.000€ pour vous installer: 6 mois de loyer d’avance c’est déjà 1.500€, les meubles locaux sont un bon investissement à long terme et il faudra payer toutes les petites mains qui vont vous aider, les courses et les premières démarches administratives.
Quand on est seul, qu'on a déjà le minimum vital en termes de meubles et qu'on ne fait pas de folies 500/600€ par mois est largement suffisant pour vivre à l'aise, 800€ pour un couple sans trop de prétentions occidentales.
1500€ si vous avez des enfants scolarisés.
IMPORTANT : Prenez bien conscience que le moindre produit importé coûte très cher! Et celà implique également l'immobilier puisque les propriétaires sont hyper taxés sur leur importation de matériel. Pour une maison 4 pièces eau+électricité comptez 200.000 (305€ soit 4 fois le salaire minimum). Vous me direz que vous n'avez pas besoin d'aussi grand... Il est cependant très difficile de trouver de "petites" maisons d'une ou 2 chambres. Là est tout le paradoxe.
Je n'invente rien en disant que 6 mois d'économie est un minimum si votre domaine de compétences est recherché sur place ou si vous vous lancez dans l'entreprenariat (#NoPainNoGain).
DISCLAIMER: Je n’ai absolument pas suivi ces conseils, car économiser autant d’argent m’aurait pris des années. Je ne suis donc pas “à l’aise” financièrement aujourd’hui mais je ne regrette pas d’avoir pris ces risques.
JE RÉPOND À VOS QUESTIONS:
Début novembre 2021, j’ai demandé à mon réseau LinkedIn de me transmettre les questionnements les empêchants de revenir contribuer à l’essor du pays:
La double nationalité:
La Guinée-Bissau autorise la double nationalité. A l’occasion j’irai chercher l’article de loi y afférent. Avec le programme “Décennie du retour”, je suis en train de me battre pour faire reconnaître comme Bissau-Guinéens les descendants des populations déportées pendant la période esclavagiste.
Il est d’usage qu’une personne née à l’étranger puisse demander la nationalité Bissau-Guinéenne si elle peut prouver qu’au moins un de ses parents ou grand-parents sont Bissau-Guinéens (nés en Guinée-Bissau). Cela signifie donc pour certains d’aller chercher l’acte de naissance des grands-parents dans les registres d’état civil de l’époque coloniale dans les villages ou les administrations de secteur; patience et courage sont de mise!
Si jamais les registres d’état civils sont manquants auprès de l’administration, il faut réunir des “témoins” capables de certifier de la naissance des parents sur le territoire Bissau-Guinéen. Très compliqué et peu viable, la validation étant au bon vouloir de l’officier d'état-civil et du montant que vous lui donnerez.
Les difficultés administratives:
Que dire? Enregistrer une simple association de quartier à but non lucratif coûte plusieurs mois de salaire, alors imaginez une entreprise!
Faire changer cet état de fait implique de faire changer tout le système politique. Cela coûte en temps, en argent et en pédagogie! Mon projet GuinéTopia est né de toute cette frustration.
En attendant, quel que soit le projet que vous imaginez, prévoyez 3 fois le coût initial. Je ne plaisante absolument pas, vous n’êtes pas prêts pour un tel chaos!
Dites-moi en commentaire ce qui vous pousse à réfléchir à un retour au pays!
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