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Envoi d'un contenaire en GB: le journal de mon enfer 2017

En faisant le tri dans mes fichiers, j'ai retrouvé le "Journal" que j'avais écrit à l'époque relatant les péripéties de l'envoi de mon contenaire de 20 pieds contenant mes meubles d'étudiante et une partie des vieilleries de la maison familiale.

Pour le contexte, en mai 2017 je suis enceinte de 6 mois, mon mariage traditionnel est prevu pour le 25 et nous comptions sur certaines affaire du contenaire pour la fête, il fait extrèmement chaud et je m'occupe des démarches accompagnée de ma maman.


Voici le récit non retouché de l'époque. les PS ont été rajouté quelques jours après la fin de l'affaire. Prennez un verre, asseyez-vous parce qu'a la fin de la lecture vous serez aussi frustrés que moi à l'époque.



Parcours du combattant pour sortir mon conteneur du Port de Bissau

Mai – Juin 2017

Daiana TABORDA GOMES


Lundi 13 mai :

Arrivée du conteneur au port de Bissau


Mardi 14 mai :

Impossible de contacter le transitaire privé (un cousin de maman) choisi depuis la France. Récupération par nos soins du B/L (1) (Bill of lading, connaissement en français : contrat de transport entre le chargeur (Nous) et le transporteur maritime (SAFMARINE/MAERSK)) à l’agence SAFMARINE de Bissau.

Débarquement à payer (2) : 128.530 F (environ 200€) payé au lieu de 175.000 F (environ 270€) annoncé par le transitaire privé porté disparu.


Vendredi 17 mai :

Choix d’un nouveau transitaire privé qui nous informe que nous entrons dans le statut d’immigrants sur le retour, c’est donc le Ministère des Affaires Etrangères (MAE) qui devra s’occuper de nous avec un transitaire de leur service et non un transitaire privé. Ceci afin de bénéficier d’exemption de taxes.


Lundi 20 mai :

Rencontre avec les fonctionnaires du MAE, qui nous indiquent que pour bénéficier de l’exemption de taxe, il faut obtenir la « Carte d’immigré » (3) d’une valeur de 30.500F (un peu moins de 50€) accompagnée d’une lettre de demande d’exemption (4) d’une valeur de 60.000F (90€) faite par un fonctionnaire, Monsieur F.

Parallèlement à cela, le transitaire, Monsieur E. doit établir la liste formelle des éléments du conteneur.

Le jour même, Monsieur E. établit par ailleurs la liste des taxes complètes à payer (5) basée non sur la valeur commerciale des biens (car objets domestiques usagés) mais sur le prix du transport maritime (2.800€ - 1.836.680F).

PS : Petit détail qui a son importance, il ne nous a jamais été demandé la facture de ces 2800€. Après réflexion, nous aurions pu payer moins cher toutes ses taxes si nous avions annoncé 2000 ou 2500€ de transport maritime.

Il arrive à un montant global hors exemption de 922.448F (+1400€), puis retire les taxes dont nous seront exemptées pour arriver à 389.000F (un peu moins de 600€).

Incluse dans cette somme 180.000F (275€) revenant au MAE que les deux hommes nous demandent de payer avant le début du processus.

PS : Nous nous attendions à ce que les 390.000F soit le montant total des taxes à régler dans les différents services de l’état pour faire sortir notre conteneur. Malgré un tarif déjà trop élevé (21% du prix du transport), nous avions prévu à peu près à cette somme pour toute l’opération.


Mardi 21 mai :

Apport des pièces justificatives pour la carte d’immigrés et paiement des 90.500F correspondant puis paiement des 180.000F correspondant aux taxes prélevées par le MAE.

Monsieur F., en charge de l’établissement de la carte d’immigrés, n’a pas souhaité faire la carte le jour même (travail de 10 minutes selon ses propres mots), nous conseillant d’attendre que le travail de son collègue transitaire Monsieur E soit terminé pour tout inclure au dossier. Monsieur E nous dit que la liste des objets étant longue, il aura besoin de la journée pour terminer son travail. Il était convenu qu’il nous appelle en fin de journée ou le lendemain matin.

PS : Après de nombreuses réclamations et relances (car la secrétaire n’est pas venus travailler depuis des semaines), nous ne recevrons les reçus de ces montants que le 12 juin (6) ! Mais ils sont antidatés au 21 mai…


Mercredi 22 mai :

Pas de nouvelles de Monsieur E. à 12h, nous nous sommes donc déplacées afin de connaître la raison du retard. Nous avons croisé Monsieur F. qui nous annonce que son travail et celui de son collègue ne seront pas fait car la douane est en grève. Nous insistons en précisant que les deux services n’ont rien à voir l’un avec l'autre et que le MAE ayant été payé pour un service donné, nous sommes en droit de réclamer que la partie du travail les concernant soit effectué comme convenu. S'ensuit une première dispute, place de l’Imperio, où Monsieur F. nous annonce que le MAE était en grève depuis le début et qu’il nous faisait une faveur en prenant notre dossier mais que puisque nous sommes trop demandeuses, désormais il refuse de faire le travail ! Nous apprenons donc que les fonctionnaires font grève en étant présent sur leur lieu de travail et demandent à recevoir l’argent d’un nouveau dossier, sans établir de facture…

Nous avons donc appelé au secours l’amie d’une amie, fonctionnaire du MAE également, Mme B afin de débloquer la situation tendue. Elle nous demande de nous présenter le lendemain matin afin de sortir de cette impasse.


Jeudi 23 mai :

Retour au MAE à 8h30, où Monsieur F, devant tous ses collègues, s’énerve en nous réitérant violemment qu’il ne fera pas la carte demandée, même si celle-ci ne prend que 10 minutes à faire, que nous allons attendre vendredi, jour officiel de travail pour la récupérer. Étant en tort devant témoin, son chef, Monsieur X, lui demandera de faire son travail le jour-même.

En parallèle, le transitaire Monsieur E restait injoignable concernant l’avancement de la formalisation de la liste des objets du conteneur, devant être terminée depuis mardi. Monsieur X l’a donc rappelé à l’ordre afin qu’il termine également sa partie du travail.

Après plusieurs heures d’attente, Monsieur E. fini par terminer son travail et à nouveau disparaître sans prévenir, ceci dans le but non dissimulé de nous faire patienter en vain et donc nous faire perdre du temps.

Il a donc été nécessaire de faire intervenir le DG des communautés Monsieur M. afin qu’un remplaçant, Monsieur D., nous accompagne à la Douane pour l’étape suivante.


Vendredi 24 mai :

11e jour après arrivée du conteneur, dernier délai pour la récupération du conteneur sans frais. Tous les acteurs nous mettent en confiance sur la sortie du conteneur le jour-même.

Malheureusement, c’était sans compter la lourde bureaucratie à l’intérieur des services des douanes. Nous avons donc attendu toute la journée pour nous entendre dire à 15h30 que le directeur du service technique n’était plus présent pour signer le dossier. La procédure était donc reportée à lundi. Nous avons donc perdu tout espoir de récupérer les denrées alimentaires devant servir à mon mariage, prévu le lendemain.


Lundi 27 mai :

Le Directeur du service technique, Monsieur Y refuse de signer le dossier car la déclaration de changement de domicile n’est pas conforme à ce que les douanes exigent. Nous lui expliquons que nous n’étions pas au courant des subtilités qu’il demande (NB : la liste des effets aurait dû être validée et tamponnée par la mairie), car nous avons réunis les documents nécessaires selon les informations données par l’Ambassade de GB en France ainsi que la Mairie d’habitation à Saint-Denis, soit une liste des effets (7) et une simple déclaration sur l’honneur provenant de la Mairie (8). Malgré nos explications, Monsieur Y à réagit violemment en refusant le dialogue, apparemment excédé que les transitaires du MAE ne sachent pas filtrer correctement les documents nécessaires avant de les envoyer aux douanes. Il a été nécessaire de faire intervenir son collègue DAF des douanes Monsieur H, proche de notre famille, afin qu’il nous excuse du manque d’information de l’Ambassade et de la Mairie en France.

Après toute une journée d’attente, le dossier peut sortir des douanes pour la 1ere fois. Le transitaire Monsieur E. nous dit qu’il ne reste qu'à faire une copie de ma carte de contributeur fiscal (9) que je n’ai pas sur moi (NB : carte jamais évoquée avant ce moment), puis aller imprimer l’ordonnance au MAE et revenir aux Douanes pour payer le reste des taxes prévues.

PS : Il est important de souligner que par chance j’avais déjà effectué la démarche d’obtention de la carte de Contributeur Fiscal pour une autre affaire. Nous aurions perdu une journée supplémentaire si ce n’est plus, compte tenu de la grève de la fonction publique, s’il avait fallu faire la carte à ce moment-là. Nous nous demandons également si tous les immigrants disposent de cette carte de contributeur, puisqu’elle a été demandée à la dernière minute !


Mardi 28 mai :

Le transitaire monsieur E. est introuvable dans la matinée pour venir récupérer le dossier aux Douanes et continuer la procédure. Il a été nécessaire de rappeler ses supérieurs Messieurs D et M afin de faire déplacer un remplaçant. Le transitaire remplaçant Monsieur Z, nous apprend qu’il ne s’agit pas d’une simple impression comme exprimé la veille mais une introduction dans un système informatique et que de toute façon, l’étape suivante de paiement des taxes aux douanes est impossible car les caisses sont fermées due à la grève. Il va jusqu’à nous montrer deux portes closes censées représenter les caisses.

PS : A nouveau, les agents du MAE, nous montrent qu’ils ne souhaitent pas faire leur part du travail sous prétexte d’une grève qui ne concerne même pas leur service. Sachant que tant que leur part n’est pas faite, les autres institutions ne pourront pas avancer la procédure.

Nous devenons donc méfiantes et nous retournons au MAE afin de suivre cette affaire d’introduction informatique de plus près. Monsieur E. réapparu, nous dit que l’introduction ne peut pas être faite à cause de la grève de la douane qui régit le système informatique et qu’il faille attendre vendredi, jour de travail normal. Nous lui demandons alors comment sait-il si le système est opérationnel ou non puisque nous n’avons vu aucun ordinateur dans les bureaux du MAE. Après une conversation houleuse, il nous avoue que l’introduction n’est pas faite au MAE mais dans un bureau à Bissau Velho.

Nous lui demandons donc de nous rendre ensemble dans ce fameux bureau de Bissau Velho ou au moins nous en donner l’adresse, ce qu’il refuse catégoriquement.

Nous sommes donc encore bloquées par leur manque de volonté.

Après avoir téléphoné à un transitaire privé, nous apprenons que le système en cause fonctionne bien et que la caisse aux Douanes est ouverte. Retour donc aux Douanes où ces informations se sont bien confirmées.

Toujours grâce à nos nouveaux contacts en interne, nous avons réussi à faire intervenir les fonctionnaires des Douanes afin que le processus d’introduction soit commencé. Nous passons les détails sur un énième blocage dû à l’absence de certains chefs des douanes qui a été résolu en moins de 5 minutes par une jeune fonctionnaire volontaire et qui plus est souriante. Du jamais vu depuis le début de notre périple ! A la fin de la journée, il ne restait qu’à valider le lendemain matin l’introduction par Monsieur E.


Mercredi 29 mai :

A 11h, nous appelons Monsieur E pour savoir si l’introduction est terminée. Il nous répond qu’il y travaille mais que la liste des articles étant longue il n’était pas nécessaire que nous le rappelions pour ne pas entraver la procédure. Il reviendrait vers nous dès que possible.

A 16h, heure de fermeture des bureaux, nous n’avions toujours pas de nouvelles.


Jeudi 30 mai :

Après un appel à 11h, silence radio. Nous avions déjà perdu espoir et attendions le vendredi pour continuer l’affaire.


Vendredi 31 mai :

8h30 devant les douanes, nous contactons Monsieur E afin de lui dire que nous l’attendons afin d’effectuer l’étape suivante, à savoir la liquidation des taxes. Monsieur E ne se présente pas et après plusieurs heures d’attente et l’intervention de fonctionnaires des douanes ayant suivi notre dossier, nous retrouvons le remplaçant Monsieur Z qui nous demande de bien vouloir patienter afin qu’une autre étape de signature et validation dans les services des douanes s’effectue. Heureusement que nous avions prévu mangues et noix de cajou pour patienter…

A 15h nous décidons de demander des nouvelles. Le dossier est toujours en attente. Ne s’agissant que des dernières signatures, Monsieur Z lui-même nous demande si nous ne connaissions pas quelqu’un de haut placé afin qu’il puisse faire avancer le dossier plus vite dans les différents bureaux.

Entre-temps, sur les 70.083F (env.107€) des taxes concernant les douanes (10), 27.817F (Env. 43€) doit être déposé sur le compte bancaire des douanes (11) ainsi que, nouvelle surprise, 2.000 sur le compte signalé comme « ANDOCAD » probablement la coopérative des transitaires (12). Heureusement qu’il existe un service prioritaire pour les femmes enceintes dans les banques afin de pouvoir passer sans longue attente (91 personnes devant moi selon mon ticket). Retour aux douanes à 15h40.

PS : Il est à noter que les 27.817F se transforment logiquement en 27.825F pour correspondre aux pièces de Franc CFA mais qu’en donnant 28.000F, la caissière de la banque ne m’a rendu que 100F… les 75 manquants n’avait pas l’air d’être une erreur…

Retour au pas de course aux Douanes. Avec l’appui de nos nouveaux amis et la compréhension des caissières, nous arrivons à payer après l’heure de fermeture le reste des taxes des douanes figurant sur le bulletin de liquidation (42.266F env. 64€) (10) et sortons des Douanes à 16h45. Monsieur Z nous dis qu’il nous reste à retourner à l’agence de transporteur afin d’obtenir l’autorisation de sortie du conteneur ! Youpi !

Nous tentons un coup en passant à l’agence Safmarine en pensant pouvoir être reçu jusqu’à 18h puisqu'ils ferment entre 12h et 14h… Mais l’agence ferme à 16h.


Lundi 3 juin :

Nous nous présentons donc à 8h40 à Safmarine. Coup de massue, la pénalité de retard pour non sortie du conteneur dans les délais impartis s’élève à 56.000F (env. 85€) soit 8 jours à 7.000F (13). Payer ce montant alors que nous subissons la grève et l’incompétence de tant de gens nous fait mal au cœur, mais malheureusement aucune pitié de la part de Safmarine.

PS: Après calcul et lecture à tête reposée, nous comprenons que le bateau est arrivé le 13 mais le conteneur n’a été débarqué au port de Bissau que le 17, date inscrite sur nos papiers reçu des mains de Safmarine (14). C’est à partir de cette date que le décompte de la période de tolérance commence soit 9 jour calendaire. Le 26 mai, 10e jour commence la période de retard soit 8 jours calendaire jusqu’au 3 juin.

Pour faire sortir le conteneur, deux choix :

Soit, nous prenons la location du camion chez eux 72.000F (env. 110€) sans caution sur le conteneur et 5 jours pour le vider, soit nous faisons appel à un transporteur privé à prix négociable et la caution s’élève à 500.000F (env. 765€) en ESPÈCES ou en chèque et une seule journée pour vider le conteneur.

Nous annonçons donc vouloir louer le camion Safmarine surtout pour nous éviter le dépôt de caution. Après vérifications, la compagnie nous annonce qu’ils n’ont pas de camion disponible aujourd’hui. Par ailleurs, si nous attendons le lendemain, nous seront contraint de payer 7.000F (env. 11€) de pénalité de retard supplémentaire sans avoir en plus l’assurance d’avoir un camion de leur part.

Nous sortons donc le chéquier pour la caution mais le caissier nous annonce qu’il s’agit d’un chèque de banque et non d’un chèque normal dont ils ont besoin. Nouvelle information de dernière minute décevante.

Nous ne disposions évidemment pas des 500.000F en espèces.

Entre temps, il a fallu retourner aux douanes afin de faire passer le dossier par un énième service puis à 2 caisses au Port. Nous étions conscientes de devoir encore payer au niveau du port mais un énième coup de massue nous est tombé dessus en voyant le montant réclamé : 196.500 pour la APGB (15) + 32.800 pour le CNC GB (16) soit encore près 230.000F (env. 350€) à sortir sans en avoir eu connaissance en amont et 2 heures de perdues.

Nous sortons de là, direction Safmarine mais le bureau est fermé pour la coupure du déjeuner.

14h15 retour à Safmarine où nous attendons notre tour. Il nous a fallu supplier afin que l’âme charitable puisse accepter une caution de 500€ équivalent à 327.000 F au lieu des 500.000F prévus.

L’autorisation de sortie enfin en mains (17), direction le port afin de pouvoir sortir le conteneur, sauf que nous apprenons, une fois n’est pas coutume, qu’il faille d’abord faire 11 copies du dossier complet (286 feuilles) à 25F l’unité soit 7.150F (Env. 11€) à payer de notre poche (18).

De nouveau, nous tombons sur une preuve de l’incompétence des transitaires du MAE lorsque les agents du port nous interdisent l’avancée du projet car il manque encore la signature du chef de commandement du port qui aurait dû être faite avant de quitter les douanes ce matin.

Il est maintenant 16h et le port est sur le point de fermer.

Grâce à la patience et la compréhension des agents du port, le dossier a pu être signé par le Commandement. L’urgence était donc de trouver un camion transporteur. Le transporteur que nous avions réservé le matin, n’est plus disponible car lui-même est bloqué avec un autre conteneur vide que le port lui interdit de décharger faute de temps… Nous sommes donc contraints de rentrer bredouille une fois de plus. Nous donnons tout de même rendez-vous aux travailleurs du port, avec l’incertitude de pouvoir terminer le périple le lendemain car difficile de savoir si les agents travaillent à cause de la grève mais aussi à cause de la fin du ramadan.


Mardi 4 juin :

Présentation au port aux premières heures mais malheureusement, l’Aid ayant été déclaré dans la nuit, le machiniste ainsi que d’autres personnes importantes à la procédure ne sont pas venus travailler. Encore une journée perdue. Les bureaux de SafMarine étant également fermés, nous espérons ne pas être décomptés en pénalité de cette journée.


Mercredi 5 juin :

Arrivée au port de bonne heure, les différents services devraient avoir repris le travail. C’était sans compter le litige au sein de la communauté musulmane, dont certains membres ont décidé que la fête de l’Aid n’était pas hier mais aujourd’hui. Le machiniste à dû être rappelé au respect du décret officiel et est donc venu travailler aux alentours de midi.

En possession de toutes les autorisations de sorties nécessaires depuis 2 jours, notre conteneur est enfin chargé sur le camion. Nous commençons à partager la bonne nouvelle à nos proches.

Nouvelle douche froide ! Le camion à la porte de sortie du port est à nouveau immobilisé, car il reste encore une taxe à payer !

La TVA dont nous avions été exemptées tout au long de la procédure n’a rien à voir avec la TVA de la prestation de service délivrée par le port. Cette taxe est calculée sur la base des 196.500F déjà réclamée par un service annexe du même port, ainsi que le coût du transport en camion privé jusqu’au domicile. Heureusement que ce transport était assuré par un « ami » nous ne l’avons donc pas déclaré. Verdict de la taxe (19) : 68.000 F (Env. de 105€).

Fait encore plus surprenant, cette taxe, calculée dans un bureau au port doit être payée au Ministère des Finances (MinFin) quelque part ailleurs à Bissau. Les différents interlocuteurs, tous excédés de tant de retard, de bureaucratie et anticipant encore le temps perdu à aller jusqu’au MinFin, négocient sans nous un rabais de moitié de cette taxe. En acceptant cette entorse au règlement, nous ne payerions que 30.000F de la main à la main au port mais perdrions le droit à récupérer une facture en bonne et due forme. Nous refusons donc cette forme de corruption et demandons à aller payer officiellement au MinFin. Le fonctionnaire furieux de ne pas recevoir son argent de suite a donc refusé la sortie du port le temps que nous allions payer au MinFin. Heureux hasard, notre camion étant toujours à la porte, il bloquait le passage d’autres camions et a donc dû sortir de l’enceinte du port pour laisser passer ses collègues. Pour gagner du temps, nous avons donc envoyer le transitaire Monsieur Z au MinFin afin que nous puissions démarrer et partir du port avec le camion.

Entre temps, Il a fallu aller payer les pénalités de retard supplémentaire auprès de SAFMARINE – MAERSK car le port à besoin du reçu pour faire sortir le conteneur. Nous avons payé non pas un jour de retard (le 5) mais deux incluant la veille jour férié. (20) Soit 14.000F (Env. 22€).


Nous apprenons également, que l’inspection du contenu du conteneur se fait au domicile et non au port. Confusion afin de connaitre le nombre d’inspecteurs nécessaire au bon déroulement du contrôle. Finalement, il est annoncé 6 inspecteurs ! Surprenant pour un seul conteneur de 20 pieds mais il s’agit apparemment d’un inspecteur par service. Il y a également un officier de police prévu. Vous comprenez alors le manque de confiance au sein même des fonctionnaires de l’état... Encore une chose, ces 7 personnes doivent être payés 5.000F chacun transport non inclus ! Nous voilà donc à payer le taxi pour le plus ancien d’entres eux, les autres ayant embarqués à l’arrière du conteneur sur le camion. L’officier de police lui, est venu par ses propres moyens.

A l’arrivée, 5 personnes et non 7 étaient présentes mais elles ont bien demandé 35.000F (7 x 5.000F). Bien évidemment, aucun reçu n’a pu être établi pour ce montant.


Le conteneur a pu être vidé sans encombres. Les inspecteurs ont cru nous faire une faveur en « laissant passer » un écran plasma non inscrit dans la liste ainsi qu’une imprimante. Or nous profitons de cette occasion pour être bien clair que nous n’avons rien à cacher dans ce conteneur. Le fameux écran plasma vu de loin par les inspecteurs bien assis sur la véranda est en réalité un écran plat d’ordinateur, ordinateur bel et bien déclaré. L’imprimante étaient également déclarées dans un ensemble d’ordinateurs et imprimantes provenant d’une donation.


Postface

Nous avions envoyé le 5 juin, le transitaire au MinFi afin qu’il puisse payer la TVA du port (68.000F). Les bureaux étant déjà fermé (avant 16h !), il y est retourné le Jeudi 6. Arrivés sur place, les 68.000 se sont comme par magie transformée en 72.500F (21). Nous n’avions donné au transitaire que 68.000F. Nous appelant pour expliquer la situation, nous refusons de payer plus que ce qui avait été annoncé au départ. C’est donc lui qui a dû payer de sa poche les 4500F supplémentaires afin de régler la situation.

Plusieurs problèmes se posent ici :

  • Pourquoi cette différence de 4.500F entre les calculs au port et ceux du MinFin ?

  • Sur le reçu vert (21), plusieurs erreurs de calculs :

    • 5000 x 7 = 35.000 et non 70.000F. Les 35.000 manquant ont-ils bien été déposés par la ou le caissier(e) de la Trésorerie Générale du MinFin ? Y-a-t’il eut un arrangement entre le caissier et le transitaire ?

    • 70.000 + 500 = 70.500 et non 72.500F

A y regarder de plus près dans le « dossier » donné au transitaire, on peut voir que les bordereaux manuscrits du MinFin (22-23-24) correspondent bien au détail des taxes annoncées au port (19). Mais les reçus imprimés (25-26-27) sont majorés de 1.500F chacun, sans aucunes explications ! 1.500 x 3 = 4.500F. Nous retrouvons bien la différence ! Ils font payer 750F par feuille ??


Montant des frais totaux :

  • FRET maritime France Guinée-Bissau (2.800€) : 1.834.000 XOF


  • Forfait transport (arrondi à 1.000 F par jour de démarche) : 15.000 XOF

  • Débarquement du conteneur (B/L) (2) : 128.500 XOF

  • Carte d’immigrant (3) : 30.500 XOF

  • Lettre de demande d’exemption (4) : 60.000 XOF

  • Taxes payées au Ministère des Affaires Étrangères (5-6) : 180.000 XOF

  • Taxes payées à la caisse des douanes (10) : 42.242 XOF

  • Taxes payées sur le compte bancaire de la douane (11) : 27.825 XOF

  • Dépôt sur le compte de ANDOCAD (12) : 2.000 XOF

  • Pénalité de retard 1 SAFMARINE (13) : 56.000 XOF

  • Taxes au port (15-16) : 230.000 XOF

  • Photocopies (18) : 7.150 XOF

  • Taxe IGV de sortie du port (19) : 68.000 XOF

  • Pénalité de retard 2 SAFMARINE (20) : 14.000 XOF

  • Camion transport jusqu’au domicile (Sans Facture) : 60.000 XOF

  • 6 « déchargeurs » de conteneur (Sans Facture) : 30.000 XOF

  • 6 Inspecteurs + 1 agent de police (Sans Facture) : 35.000 XOF

TOTAL DEMARCHES A BISSAU : 986.217 XOF

(1.506€ - 54% prix FRET)

TOTAL POUR 1 CONTENEUR D’OBJETS PERSONNELS PARIS -> BISSAU :

2.820.217 XOF (4.306 €)

Objets sans valeur commerciale pour un compatriote en « Retour définitif » !!!


Conclusion :

  1. Il est anormal de devoir payer plus de taxes auprès du Ministère des Affaires Étrangères (270.000F) qu’au sein même des Douanes (70.083F) et presque autant qu’au port (298.000F).

  2. Le manque de compétences et de savoir-vivre des agents du service public est déplorable.

  3. Il est incroyable que personne dans le processus ne soit au courant / capable d’expliquer le parcours complet en amont et que l’argent soit demandé au fur et à mesure comme si ce dernier tombait du ciel tous les jours.

  4. Il est enfin incroyable qu’une telle somme soit demandée à un compatriote sur le retour ne venant qu’avec des affaires usées et personnelles pour meubler sa nouvelle maison, lorsque l’on sait que le salaire minimal mensuel n’atteint même pas les 100€ !

Mes conseils aux prochains « Aventuriers des conteneurs » :

  • Négociez un maximum le prix de votre transport maritime.

  • Avant d’envoyer le conteneur, vérifiez qu’il n’y a pas de menace de grève de la fonction publique. LOL!

  • Prévoyez l’envoi de votre conteneur en dehors de la saison des cajous. Pendant cette période, tout le pays est occupé, les délais sont plus longs et les tarifs plus élevés.

  • Trouvez et lisez le code douanier!

  • Décomptez les samedi, dimanche et jours fériés dans la période de récupération du conteneur sans frais (9 jours calendaires gratuits à partir du débarquement du conteneur sur le port de Bissau).

  • prévoyez un budget extra retards

  • Priez pour que votre conteneur soit au fin fond du bateau et qu’il soit ainsi débarqué le plus tard possible et ainsi gagner quelques jours gratuits.

  • Faites-vous des amis qui connaissent des amis qui connaissent votre famille au MAE, aux Douanes, ainsi qu’au Port.

  • Ne faites confiance à personne. Ne prenez rien pour argent comptant et faites vérifier la moindre information par les amis de vos amis.

  • Demandez (EXIGEZ) des factures AVANT de payer ! Si refus, ou au moindre blocage, n’ayez AUCUNE retenue à demander à parler aux supérieurs de vos interlocuteurs. En cas de litiges plus tard, les chefs eux-mêmes vous reprocheront de ne pas être venus les voir plus tôt.

  • Ne prévoyez rien d’autre à faire pendant cette période. Aussi compétent et proche de vous que soit votre transitaire, soyez derrière lui TOUS LES JOURS!

  • N’ayez pas peur de poser et reposer des questions pour bien comprendre la procédure.

  • Prenez des photos du moindre papier qui passe entre vos mains ou celles du transitaire. Ceci afin de pouvoir bien comprendre après coup où est passé tout cet argent dépensé. Vous ne savez pas si vous reverrez ce papier dans le dossier qui vous est remis à la fin du parcours.

Ainsi se termine l’histoire de ce terrible parcours du combattant, vécue par une jeune ressortissante Bissau-Guinéenne née en France, formée, voulant maintenant donner sa contribution au pays de ses parents. Je ne connaissais pas la réalité du pays et qui plus est, étant enceinte de plus de 6 mois et attendant certaines affaires pour mon mariage traditionnel. J’espère que vous imaginez l’état de stress, de frustration, de déception et de colère que j’ai pu accumuler durant tout ce temps.

Par chance je comprends le créole correctement et j’ai été accompagnée tout le long du parcours par ma mère qui n’a absolument rien lâché. Si j’avais dû affronter cela seule, j’aurais bu les paroles des gens, respecté leurs dires, perdu infiniment plus de temps et d’argent en plus d’avoir le sentiment de me faire arnaquer à chaque pas.

Je pense donc à la prochaine vague de jeunes rapatriés, respectueux de la parole des agents de l’Etat, prêts à venir aider au développement de leur pays d’origine et qui n’ont comme moi ni oncles ni tantes haut placés, et parfois ne comprennent pas bien le créole. Ils seront sûrement complètement dégoûtés par tant de manque de visibilité dans les démarches mais aussi d’incompétence et de malhonnêteté dans TOUS les services représentant l'État sur le territoire national comme en dehors. Cela les fera donc fuir et rentrer dans leur pays de naissance ou dans d'autres pays de la sous-région.


J’appelle donc les prochains dirigeants de ce pays à bien réfléchir à l’organisation des services de l’Etat car une nouvelle génération est prête à aider ce pays mais la Guinée-Bissau doit être d’abord capable de les aider à s’installer dans de bonnes conditions.

Je me mets à la disposition de la prochaine équipe dirigeante, afin d’aider à la restructuration de ce service. Après l’aventure vécue, je considère avoir un « œil client avisé» pouvant servir.


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